[Note de l’auteur : cette nouvelle est une enquête originale et non-officielle, librement adaptée dans l’univers du jeu Détective Charlie. Elle tend à imiter les enquêtes présentes dans le jeu en les inscrivant dans une expérience purement narrative. J’ai adopté ce parti pris pour ne gâcher l’expérience des personnes qui voudraient acheter cet excellent jeu, que je conseille par ailleurs fortement à tous les parents d’enfants dès 5 ans]
C’est la panique à la plage. Un petit filou a remplacé tout le contenu des bouteilles de crème solaire par de l’huile d’olive. Résultat : tous les baigneurs ont attrapé des coups de soleil. Le crime a eu lieu sur la plage des étoiles, tout à l’ouest de Mysterville, à 15h hier après-midi.
Détective Charlie, la célèbre enquêtrice, se rend sur place pour élucider l’affaire. Elle y rencontre René Raton, le chef des pompiers de Mysterville.
– Il faut attraper le responsable de cette farce grossière, sermonne-t-il. Nous avons frôlé la catastrophe. L’auteur de cette frasque doit rendre des comptes à la justice. Nous comptons sur vous, détective.
Charlie ajuste son chapeau à damiers, boutonne sa longue veste brune et s’empare de sa loupe fétiche. Le chemin de la plage est boueux. Elle y aperçoit huit empreintes différentes. Cela signifie huit suspects potentiels. Elle regarde sa montre. Il est presque midi. Elle espère qu’elle pourra être de retour au commissariat avant l’heure du thé.
Quelques minutes plus tard, la liste des suspects est établie. Dans sa tête, elle les énumère lentement : Lana Lama, la mairesse de la ville ; Armand Anaconda, le fleuriste au grand cœur ; Pedro Perroquet, le bavard coiffeur ; Karim Koala, le boulanger aux créations exquises ; Madeline Mule, la chirurgienne émérite ; Carl Crabe, l’incorruptible policier ; Gaspard Gecko, le truculent marchand ambulant ; et enfin Louane Loutre, la maître-nageuse espiègle. Tous sont allés à la plage dans la journée d’hier. Étaient-ils présents à l’heure du crime ? Elle est en passe de le découvrir.

René Raton lui a donné une liste de huit témoins potentiels. Charlie doit recueillir leurs témoignages pour avancer dans son enquête. Sur le chemin qui la mène à Mysterville, elle croise Éric Écureuil, le facteur de la petite bourgade. Elle l’interpelle alors qu’il s’apprête à enfourcher sa bicyclette.
– Hier, j’avais du retard dans ma tournée. J’ai livré mon dernier colis à la boutique de fleurs à 15h pile. Armand Anaconda était là. Il m’a même offert une limonade.
Intéressant, songe Charlie en rayant le nom du suspect sur son calepin. Elle remercie le facteur et reprend sa route.
Elle arrive bientôt devant l’école. Assise sur un banc, Élodie Éléphant, la vieille maîtresse, est en train de lire un livre.
– Madeline Mule est innocente, affirme-t-elle lorsque Charlie l’interroge. Hier après-midi, elle opérait mon petit fils. Il s’est fracturé la trompe dans un accident de skateboard.
Charlie souhaite un bon rétablissement au blessé, puis se détourne en souriant, ravie d’avoir pu barrer le nom d’un autre de ses suspects.
Alors qu’elle tourne à l’angle de la rue, elle voit se profiler devant elle la façade ouvragée du musée. Cela tombe à pic. Elle doit interroger Hugo Hibou, le directeur de l’établissement.
– Carl Crabe était de garde au musée hier, hulule le vieux conservateur. Il surveillait la célèbre toile de Léopard de Vinci : L’Hermine à la Dame. Il n’a pas bougé une pince de l’après-midi.
Charlie se dit que cela fait longtemps qu’elle n’a pas visité le musée pour y observer ses trésors archéologiques. Elle se promet qu’elle y fera un tour une fois son enquête achevée.
Non loin de là se trouve le cabinet d’architectes des sœurs girafes. Charlie s’y dirige à petits pas pressés. Elle doit y interroger l’une des associées principales : Ginette Girafe. Elle se trouve dans son bureau, dont le plafond a une hauteur démesurée. Sur sa tête est posée une casquette orange dont elle a tourné la visière en arrière. Elle griffonne des schémas compliqués sur une large feuille de papier épais posée sur un pupitre en bois.
– Je rénove la toiture de la mairie, explique-t-elle face au regard interrogateur de Charlie. Hier après-midi, j’étais en compagnie de Madame La Maire. Nous parlions du chantier en cours. Nous sommes restées enfermées dans son office jusqu’à l’heure du dîner.
Charlie se doutait bien que Lana Lama ne pouvait pas s’être rabaissée à commettre une telle bêtise. Elle est heureuse d’en avoir la confirmation.
Lorsqu’elle sort du bâtiment, elle tombe sur Fifi Flamant, la journaliste facétieuse. Son plumage rose est magnifique. Elle porte une paire de lunettes en forme de gouttes, qui cercle ses yeux d’un rouge extravagant. Elle est très élégante.
– Hier après-midi, Karim Koala était à la rédaction du journal, témoigne-t-elle. Nous nous entretenions dans le cadre d’un article que je vais rédiger sur sa spécialité culinaire : la tartelette à l’eucalyptus.
Charlie est ravie que Karim Koala ne soit pas lié à cela. Elle adore ses biscuits au beurre de cacahuète. Trempés dans le thé, il n’y a pas plus délicieux. Elle aurait été attristée d’avoir à l’incarcérer et de se retrouver privée de ces friandises délectables.
Soudain, une forme trapue fait son apparition dans le champ de vision de Charlie. Il s’agit de Théo Tatou, le secrétaire de Lana Lama. Il a toujours l’air anxieux. Ses pupilles s’agitent frénétiquement derrière ses lunettes rondes rouge corail. Il serre des parchemins contre sa poitrine. Il a l’air pressé.
– Oh la la, c’est terrible ce qu’il s’est passé, serine-t-il. Heureusement pour moi, mes écailles me protègent. Contre le soleil, je n’ai pas besoin de crème. J’espère que vous allez trouver qui a fait ça.
Sans même laisser l’opportunité à Charlie de lui poser plus de questions, il prend la direction de la mairie d’une démarche frénétique. Sa queue qui ressemble à un ver de terre bat le tempo au rythme de ses pas.
Il est un peu plus de treize heures lorsque Charlie arrive en vue de la pharmacie. Les portes coulissantes s’ouvrent automatiquement lorsqu’elle approche. Elle se dirige vers le comptoir rempli de médicaments pour y interroger la propriétaire.
– Je peux vous assurer que Pedro le Perroquet n’est pas l’auteur de cette blague douteuse, s’exclame Marie Mouette de sa voix stridente. Il est allergique à l’huile d’olive. S’il en ingurgite, ses cordes vocales gonflent et il devient aphone. Vous savez comme moi à quel point cela le terrifie.
Charlie fronce les sourcils. Elle touche au but. Dans son calepin, seuls deux noms n’ont pas été rayés. Elle serait vraiment malchanceuse si elle n’élucidait pas le crime avant l’heure du thé.
L’atelier de couture de Pandora Panda Roux est son point de chute. La mignonne propriétaire l’accueille avec le sourire. Elle a une fleur jaune sur le front. Elle porte une robe légère vert pomme. Elle s’affaire autour de sa machine à coudre.
– Impossible que Louane Loutre ait fait ça. Hier après-midi, elle est restée dans mon atelier à me regarder raccommoder son maillot de bain. La croix blanche qui en orne le torse était complètement décousue. J’ai du en confectionner une nouvelle.
Charlie regarde sa montre. Quatorze heures pile. Elle a désormais tous les éléments pour pouvoir inculper le coupable. Elle ferme son carnet, le fourre dans la poche de sa veste, puis se dirige vers les murs de brique rouge du commissariat. Elle aura rendu son rapport bien avant l’heure fatidique. Ce soir, son thé aura le goût de la victoire et du devoir accompli.
A toi de jouer. Es-tu capable de donner le nom du coupable ?